jeudi 26 juillet 2012

Ihsahn (Eremita) - Présenté à l'émission Rock Classique du 22 juin 2012

Ihsahn
Eremita
Métal progressif extrême
Sortie : déjà disponible

Quatrième album solo pour l’ancien guitariste et chanteur du légendaire groupe culte Emperor.  Ihsahn fait carrière depuis plus de vingt ans mais malgré cela il n’est pas tellement vieux si on prend en considération qu’il avait quelque chose comme 16 ans quand il a formé son groupe mythique.  On a donc à faire avec quelqu'un qui a eu la chance de faire de la musique toute sa vie jusqu’à maintenant.  Si Emperor est un des très gros noms du black métal, Ihsahn est à des années lumière de ce style puisque à l’instar de Enslaved ou de Opeth Ihsahn donne dorénavant dans le métal progressif extrême.  On voit que King Crimson a eu un impact et une influence majeure sur la musique du norvégien.  Eremita est un album progressif très sombre et d’une grande puissance.  Côté paroles, je parlais plus tôt dans l'émission de la superficialité et des clichés caricaturaux des textes de Grand Magus qui m’ont fait penser par moments à Manowar, eh bien dans le cas de Ihsahn c’est tout à fait le contraire puisqu’on parle ici de textes profonds, philosophiques, mystiques et introspectifs.  Quelque chose de très réfléchi loin des préjugés entretenus sur le milieu métal en général.  Eremita est un authentique chef-d’œuvre de métal progressif.  Un digne successeur des excellents trois précédents albums d’Ihsahn.  Bien sûr ce n’est pas pour tout le monde, c’est uniquement pour les audacieux.  Ce n’est surtout pas pour les fans de black métal qui sont restés accros à Emperor, ni à ceux qui n’aiment pas les voix méchantes et agressives.  La musique de Ihsahn s'adresse à ceux qui aiment Enslaved, Opeth – peut-être Katatonia ou Amorphis – ou King Crimson mais avec une voix de méchant cinglé.  Pour ceux qui aiment les grosses guitares accompagnées parfois de « blast beats », de parties orchestrales et d'un saxophone schizophrène omniprésent.
Cote: 8,5 sur 10

Grand Magus (The Hunt) - Présenté à l'émission Rock Classique du 22 juin 2012

Grand Magus
The Hunt
Heavy métal traditionnel
Sortie : déjà disponible


J'ai découvert personnellement Grand Magus il y a 4 ans avec l’album Iron Will, un disque que j’avais beaucoup aimé et qui était à l’époque leur 4ième disque studio complet.  J’ai découvert à rebours les autres disques de ce trio suédois et je les ai en général tous bien appréciés.  J'aimais la tournure très mélodique qu'ils avaient su donner de façon bien dosée à leur doom musclé.  Grand Magus vient de sortir leur sixième album qu'ils ont intitulé The Hunt sur lequel ils semblent toutefois avoir à peu près délaissé complètement ce côté doom qui m'avait plu au départ pour embrasser uniquement le heavy métal traditionnel, et cela en ayant recours à des clichés éculés dont des textes guerriers quelque peu agaçants.  The Hunt a reçu d’excellente critiques dans certains magazines spécialisés mais, personnellement, je n’ai pas été emballé.  Le problème en gros ce n'est pas ce ramassis de clichés dont on est un peu fatigués, c'est surtout qu'il y a de bien meilleurs albums dans le genre qui sont sortis dans les derniers mois.  Le dernier Rage entre autres ou le nouveau Accept sont bien meilleurs que The Hunt qui ne lève pas tellement haut.  Je vous conseille définitivement plus le premier album du nouveau groupe Huntress,  Spell Eater, ainsi que – surtout – le dernier Orange Goblin qui est tout à fait excellent.
Cote: 6,5

Tedeschi Trucks Band Everybody’s Talkin’ - Présenté à l'émission Rock Classique du 222 juin 2012

Tedeschi Trucks Band
Everybody’s Talkin’
Blues rock
Sortie : déjà disponible

Le Tedeschi Trucks Band est un groupe dirigé par le couple Susan Tedeschi et Derek Trucks.  Ce dernier est bien sûr un des guitaristes du Allman Bros Band, un authentique virtuose de la guitare « slide ».  Sa femme, Susan, est aussi guitariste mais elle est aussi une des grandes chanteuses de blues actuellement.  On a dit que sa voix était un croisement de celles de Bonnie Raitt et de Janis Joplin.  Je crois que c’est assez juste comme image.  Personnellement je dirais que Susan Tedeschi est tout simplement la version féminine de Gregg Allman et qu'elle est une authentique et très grande chanteuse de blues.  Le couple Tedeschi-TrucksIls a donc formé un groupe en tant qu’entité "live", chose qui devait leur permettre de tourner une bonne partie de l’année – l’été surtout - dans le but avoué de pouvoir passer du temps ensemble et avec leurs jeunes enfants, tout en pratiquant leur gagne-pain sur les routes américaines.  Pour le Tedeschi Trucks Band, Susan et Derek ont recruté un grand orchestre de 11 musiciens qui contient une section de cuivre, des percussionnistes, des choristes, ainsi que bien sûr un claviériste et un bassiste.  Ils font un mélange de rock, de blues, de funk et de gospel.  Ils évoquent bien sûr le Allman Bros Band pour beaucoup de gens mais, personnellement ils me font surtout penser au Delaney and Bonnie Band de la fin des années ’60.  L’année dernière le Tedeschi Trucks Band a sorti un premier album studio complet qui a connu passablement de succès et qui a même remporté un Grammy Award au début de l’année.  Ils récidivent cette fois-ci avec un double album en concert, c'est à dire là où ils excellent véritablement, sur scène.  Everybody’s Talkin’ reproduit donc l’expérience du Tedeschi Trucks Band en spectacle.  J'ai particulièrement apprécié les morceaux Learn How To Love et That Did It, une reprise de Bobby Bland.
Cote: 7
Royal Thunder
CVI
Métal stoner
Sortie : déjà disponible

L’album que j’ai préféré cette semaine (plus encore que celui de Rush) c'est celui du trio d’Atlanta en Géorgie, Royal Thunder, un jeune groupe qui existe depuis six ans et qui fait dans le stoner et le sludge psychédélique qui évoque les débuts du space rock des années ‘70.  Ils ont choisi ce nom en ayant en tête la Rolling Thunder Revue de Bob Dylan qui a fait une tournée légendaire dans les années '70.  Royal Thunder s'est formée autour du guitariste Josh Weaver, un tre`s bon guitariste et excellent compositeur - le cerveau du groupe.  Mais c’est vraiment la voix de son épouse, la bassiste chanteuse Mlny Parsonz, qui fait définitivement la particularité du groupe.  Mlny a une voix absolument exceptionnelle qui évoque par moment Robert Plant de Led Zeppelin ou Janita Haan de Babe Ruth (elle est bonne à ce point-là!).  Dans le All Music Guide on les a définis comme "une symbiose de Led Zep, Black Sabbath et Hüsker Dü", ce qui m'apparaît tout à fait juste.  On les a aussi comparés à Soundgarden mais Royal Thunder est bien plus sombre et meilleur que le quatuor de Seattle à mon avis.  On ne prend pas de chance avec Royal Thunder, on les qualifie de groupe de heavy métal stoner/doom/sludge.  Ce premier disque des Géorgiens est intitulé CVI (106 en chiffres romains) regorge de pure merveilles comme : Shake and Shift (une performance vocale à donner la chair de poule), No Good, Sleeping Witch, Whispering World et l'explosive Parsonz Curse qui ouvre l'opus en force.  Un brûlot menaçant et d’une atmosphère extrêmement saturnienne. 
Cote: 9,5

Rush (Clockwork Angel) - Présenté à l'émission Rock Classique du 15 juin 2012

Rush
Clockwork Angel
Rock à tendances progressives
Sortie : déjà disponible

19ième album studio en carrière pour ce fabuleux trio canadien culte et leur premier depuis Snakes and Arrows qui est sorti il y a déjà 5 ans (disque que j’avais bien aimé car il était plus rock que les précédents et plus inspiré surtout).  Quand je suis allé voir Rush en concert en 2010, j’avais l’impression que la sortie d’un nouvel album était imminente puisqu’ils avaient interprétée une nouvelle pièce soit BU2B.  Ça n’a pas été le cas.  Par la suite ils ont sorti l’album en spectacle Live in Cleveland l’automne dernier sur lequel on retrouvait une autre nouvelle composition, Caravan.  Ce sont toutefois deux chansons qui ne m’avaient pas du tout accroché au départ.  Il y a quelques semaines j’ai entendu le morceau Headlong Flight à la radio et j’ai été très surpris parce qu'en l’entendant je ne savais absolument pas de qui il s’agissait et j’avais trouvé la partition de batterie particulièrement hallucinante – je m’étais même dit en l’entendant que pour jouer quelque chose comme ça il fallait définitivement avoir l’énergie d’un jeune de 20 ans et que ce morceau devait être l'oeuvre d'un nouveau groupe et c’est à ce moment-là que j’ai reconnu la voix de Geddy Lee.  J’ai vraiment été soufflé en reconnaissant Rush, eux qui n’avaient pas sonné comme ça depuis très longtemps.  J’avais donc vraiment hâte de découvrir le reste de l’album.  

Ça m’a pris 5 ou 6 écoutes avant de vraiment commencer à apprécier ce nouvel opus mais je suis devenu très accro à Clockwork Angels.  Les pièces Carnies, Seven Cities of Gold et la pièce titre sont particulièrement accrocheuses.  Il faut spécifier ici qu'il s'agit d'un album concept, – donc un retour aux sources pour Rush qui se sont fait remarquer à leurs débuts pour leurs disques conceptuels ou leurs morceaux ambitieux comme 2112, Xanadu ou Hemispheres.  J’avoue que j’ai de la diffisulté à saisir le fil de l’histoire qui tourne autour des aventures d’un jeune homme à la poursuite de ses rêves mais qui en est empêché par un personnage du nom de Watchmaker (le faiseur de montre) qui exerce une présence autoritaire et fasciste dans cet univers qui est peuplé de pirates, d’anarchistes et d’employés de cirques dans des villes prospères mais décadentes.  Les textes sont une fois de plus du batteur Neil Peart (qui est un peu l’intellectuel du groupe) et il y a même un projet de nouvelle – de livre - qui  doit voir le jour prochainement, une collaboration avec l’écrivain de science fiction Kevin J. Anderson.  Ce qui est remarquable c’est que Neil Peart a vraiment l’air du catalyseur de l’album car, plus encore que par le concept et les textes, c’est par sa batterie qu’il se démarque et qu'il fait lever le tout.  Son jeu est tout à fait hallucinant d'un bout à l'autre.


Toutefois il ne s'agit pas ici du meilleur des disques de Rush et il n'est définitivement pas du tout du même calibre que leurs grands albums classiques des années ’70/début ‘80.  Quand on a pour héritage des albums et des monuments comme 2112, A Farewell to Kings et Hemispheres, les disques qui suivent en fin de carrière ont l’air un peu drabes. Ne vous attendez surtout pas à un Moving Pictures ou un Permanent Waves.  Mais Clowckwork Angels est assurément le meilleur album de Rush depuis les années ’80 et il s'agit assurément du genre d’album que la plupart des groupes aimeraient bien faire une fois dans leur vie. 

Cote: 9,5 sur 10.

Joe Walsh (Analog Man) - Présenté à l'émission Rock Classique du 15 juin 2012

Joe Walsh
Analog Man
Pop rock
Sortie : déjà disponible

Joe a pris les choses mollo ces dernières années.  En fait il n’avait pas sorti d'album depuis une vingtaine d’années et s'était retiré dans une semi-retraite, n'en sortant que pour participer à quelques réunions avec les Eagles ou pour jouer avec All-Star Band de son beau-frère, Ringo Starr.  Quand Joe a décidé de reprendre le collier, il est allé voir son ami Jeff Lynne du Electric Light Orchestra avec qui il a concocté ce nouveau disque studio qu’il a intitulé Analog Man pour souligner avec dérision le fait qu’il se considère lui-même comme un anachronisme dans le paysage du 21ième siècle.  Avec un titre comme ça on se serait attendus à un album très cru et rock comme Joe en faisait dans les années ’70 avec le James Gang – un disque sur lequel ce génial guitariste allait faire une profession de foi envers le rock dénué d’artifices et loin de l’aseptisation du numérique.  Eh bien malheureusement ce n'est pas le cas.  En fait Analog Man est un album qui sonne très numérique et absolument pas rock du tout.  C’est dommange mais je ne l’ai pas tellement aimé.  Le seul morceau qui a retenu mon attention est sa reprise du propre classique de Joe avec le James Gang, Funk #49 qu'il a rebaptisé Funk #50.
Cote: 4,0