jeudi 31 janvier 2013

Voivod (Target Earth) - Présenté à l'émission Rock classique du 18 janvier 2013

Voïvod
Target Earth
métal thrash et progressif
Sortie : déjà disponible 

Au décès de Piggy en 2005 beaucoup ont cru que ce serait la fin de ce quatuor québécois légendaire et révolutionnaire.  Plusieurs voyaient en effet le génial guitariste au style si particulier comme un musicien absolument irremplaçable et tout à fait essentiel à Voïvod.  Toutefois, peu de temps après on a appris que Piggy avait laissé plusieurs enregistrements auxquels il a travaillé jusqu'à la toute fin et sur lesquels Away, Snake et Jason Newstead se sont attelés pour en faire l'album Infini qu'ils ont fait paraître en 2009 et que j'avais grandement apprécié.  Cela aurait pu conclure la saga Voïvod de façon définitive et élégante.

Toutefois, lors du lancement du DVD de Martyr au printemps 2008, j'avais eu le plaisir de parler avec le guitariste du groupe, Dan Mongrain, qui m'avait appris qu'il avait commencé à pratiquer avec Voïvod, que Blacky était revenu au bercail et que le groupe avait quelques spectacles importants prévus cet été-là.  J'avais été fort surpris mais en même temps, connaissant très bien Dan et ses compétences, j'étais convaincu que l'expérience serait fantastique.  Ce fut en effet le cas et toutes les fois où j'ai eu le plaisir de les voir en concert dans les années suivantes ont été mémorables. Le groupe était dans une dangereuse forme et interprétait uniquement des pièces de la période de Blacky, de War and Pain à Angel Rat, qui représente aussi ma période préférée du groupe.

L'an dernier, au cours d'une soirée, Dan m'a annoncé que Voïvod débutait une période d'écriture et qu'il avait l'intention d'enregistrer un nouvel album.  Il faut dire à ce moment-là que l'entreprise s'avérait des plus périlleuses pour Dan et le groupe car, que de créer un disque à la hauteur des chefs-d'oeuvre absolus de métal comme le sont War and Pain, Dimension Hatröss, Nothingface, Angel Rat ou The Outer Limits, d'authentiques petits bijoux sur lesquels le groupe a forgé son excellente réputation peut être assez inquiétant.  Toutefois ce soir-là j'avais dit à Dan que j'étais absolument convaincu que l'entreprise s'avèreait une réussite car j'ai toujours considéré qu'il était le plus digne successeur de Piggy et un véritable virtuose.    Quand Je l'ai revu à l'été, il venait de terminer l'enregistrement de l'album et il en était extrêmement fier.  Il nous en avait d'ailleurs fait écouter un extrait, Mechanical Mind, lors d'une très joyeuse fête entre amis...
 
Cinq mois plus tard je reçois finalement l'album à la station et je dois dire d'emblée qu'il est absolument fantatique et qu'il s'agit tout simplement d'un des meilleurs albums de Voïvod, point à la ligne.  D'abord le groupe revient à sa période la plus glorieuse, celle des albums Dimension Hatröss et Nothingface avec un métal thrash des plus progressifs, expérimental, ambiant et extrême avec de longs morceaux à long développement dans la plus pure tradition progressive.  Une petite merveille qui débute avec la puissante pièce titre qui est tout à fait éloquente de la très grande culture musicale du groupe qui parsème sa musique de clins d'oeil jazzy ou typiquement rock progressif.  Outre l'excellent jeu de guitare de Dan, il fait très bon de retrouver et entendre à nouveau le son de la basse si particuler de Blacky qui renoue pour la première fois en studio avec la machine Voïvod depuis 22 ans (depuis les sessions d'Angle Rat).  

Kluskap O'Kom nous ramène aux influences punk rock de Snake et Away et marque une première pour Voïvod, soit des back vocals puisque Dan (qui, dois-je le rappeller, était aussi le chanteur du groupe Martyr) y va de quelques lignes scandées avec force et enthousiasme.  Des signatures rhythmiques compliquées font la particularité de la pièce suivante, Empathy for the Enemy, une des plus lourdes du disque.

Mechanical Mind a été le premier extrait du disque, rendu disponible il y a déjà quelques temps.  Mais, qui dit "extrait" ou "single" ne dit pas nécessairement "facilité" et ce morceau s'avère aussi brillant que le reste de l'album.  Introduit par une ambiance - un clin d'oeil - à Rush, Mechanical Mind est un morceau compliqué à plusieurs paliers rythmiques qui fait plus de 7 minutes et demie.  Un des moments les plus forts du disque.

Warchaic est une des pièces les plus ambiante du lot, très proche de l'atmosphère de l'album Dimension HatrössResistance est un de mes morceaux préférés de l'album.  Encore-là on retrouve la prédilection punk rock du groupe dans la première moitié de la pièce qui se termine dans une ambiance lourde et spatiale.

Kaleidos évoque plutôt la période Angel Rat avec une des parties vocales les plus mélodiques de Snake sur cet album.  La pièce suivante, Corps Étranger, représente une autre première pour Voïvod puisqu'il s'agit du premier morceau chanté en français pour le quatuor qui a souvent ponctué ses lyrics de phrase dans la langue de Molière mais sans jamais toutefois franchir le pas complètement comme ils viennent de le faire.  L'expérience s'avère une réussite, même si personnellement je trouve très étrange d'entendre Snake s'exprimer dans la langue de Francoeur et Plume Latraverse...  Corps Étranger est un bon petit thrash bien dosé dans la mouvance de Ripping Heaches qui remonte au deuxième album de Voïvod, Rrroooaaarrr de 1986.

Artefact débute dans une ambiance spatio-temporelle inquiétante qui est brisée par la basse de Blacky et les roulements de toms de Away qui nous introduisent dans une pièce typiquement progressve à la Voïvod.  L'album se termine sur quelques mesures d'un morceau incomplet intitulé Defiance et qui porte très bien son titre.

Au final, Target Earth représente un puissant retour pour Voïvod et une introduction tout à fait concluante pour leur "nouveau" guitariste dont la virtuosité est désormais tout à fait éclatante.  Même si nous ne sommes qu'en janvier, je suis absolument convaincu que Target Earth trouvera son chemin parmi les meilleurs albums qui sortiront en 2013.  En un seul mot, fantastique...
Cote: 9

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