dimanche 6 juin 2010

Rolling Stones - Exile On Main Street (remastered 2010 limited edition with bonus tracks) - Présenté à l'émission du vendredi 28 mai 2010


The Rolling Stones
Exile On Main Street (2010 remastered limited edition with bonus tracks)
Rock
Sortie : 18 mai 2010

On vient de ressortir en grandes pompes une version remasterisée d’un des chefs-d’œuvres des Rolling Stones, l’album double Exile On Main Street paru à l’origine en 1972 – un disque qui avait été mal accueilli à sa sortie initiale par les fans et les critiques mais qui, avec le temps, est devenu un véritable album culte que plusieurs n’hésitent pas à qualifier de « Plus grand albums de rock ‘n’ roll de tous les temps » - rien de moins. Personnellement je ne partage pas cette haute opinion – ce n’est même pas mon album des Stones préféré puisqu’il arrive bien après Let It Bleed et même après Sticky Fingers, Beggar’s Banquet et Their Satanic Majesties Request - mais Exile On Main Street est un très bon album des Stones. On peut dire qu'il est peut-être plus égal que les albums pré-cités, mais il est beaucoup moins audacieux que ne l'était par exemple Let It Bleed de 1969.

Exile On Main Street est un album de rock ‘n’ roll dépouillé sur lequel on retrouve du country, du blues, du gospel, du soul et du R&B. Le plus gros reproche que la plupart des fans critiques des Stones lui font c’est qu’on n’y retrouve pas autant de gros canons que sur les albums précédents et que les pièces y sont plutôt fades. C’est vrai que comparativement à Brown Sugar qui ouvre Sticky Fingers, Rocks Off fait un peu pitié.

Exile On Main Street est l’album qui a clôt la période la plus productive, faste et heureuse des Stones, soit la période entre 1968 et 1972 – à partir du moment où les ennuis de Mick et Keith avec la justice anglaise ont été terminés, jusqu’à l’époque de leur séjour dans le sud de la France.
Parce que, fait historique important dans la genèse de ce double album vinyle, en 1972 les Stones ont dû quitter l’Angleterre à cause de leurs ennuis avec le fisc (s’ils ne l’avaient pas fait, ils auraient été complètement ruinés financièrement - déjà qu’ils avaient été volés de façon éhontée et lavés par leur ancien gérant, Allen Klein, le fisc anglais allait manger le reste de leurs avoirs et même apparemment ce qu’ils n’avaient plus). C’est donc dire que les Stones n’avaient pas le choix de quitter leur Angleterre natale pour s’expatrier pour éviter ainsi la ruine – exactement ce que Led Zeppelin ont dû faire quelques années plus tard puisque le fisc anglais voulait gruger 93% de leurs revenus dont une bonne partie étaient en fait dans les poches de Allen Klein depuis longtemps aux Étas-Unis. Les Stones ont donc choisi de s’installer sur la Côte d’azur et Keith Richards a loué une villa extrêmement chic sur le bord de la mer – la Villa de Nellcôte - un véritable petit château qui a été occupé par les nazis pendant la 2ième guerre mondiale et qui leur a servi de quartier général.

L’album a été enregistré dans le sous-sol de la vaste demeure somptueuse dans laquelle on a installé le fameux studio portable des Stones. À cette époque-là, Keith Richards était un véritable bourreau de travail apparemment et son éthique était très élevée. Il travaillait constamment et le groupe enregistrait à tout moment, de jour mais aussi beaucoup de nuit. Ça a donc donné plein de chansons et d’enregistrements issues de ces sessions (même si le tout s’est déroulé dans une atmosphère isolée et d’hédonisme souvent près de la décadence - beaucoup de drogues et d’alcool ont accompagné les sessions d’enregistrement de la Villa de Nellcôte).
C’est la raison pour laquelle Exile On Main Street est devenu un album double. Les Stones n’avaient pas le choix vu l’abondance du matériel qu’ils avaient créée et la productivité dont ils avaient fait preuve.

Mais le plus drôle dans tout ça c’est qu’il en est resté des pièces inédites des sessions de Exile et c’est ce qui fait l’intérêt de cette réédition puiqu’on y retrouve un CD complet de pièces inédites depuis 38 ans et de versions tout à fait différentes de certaines pièces qu’on retrouve sur l’album original. Bien sûr, il y a souvent une très bonne raison pour laquelle un groupe ou une étiquette de disque choisit de ne pas inclure telle ou telle pièce sur un album – on fait un choix au détriment de certaines chansons plus faibles ou moyennes qui restent ainsi dans les tiroirs.
Le choix qu’on retrouve sur la version originale de Exile était excellent et on s’en rend compte quand on écoute le matériel inédit qu’on retrouve sur la toute nouvelle version remasterisée de l’album. À part la pièce Plundered My Soul il n'y a pas grand chose de vraiment mémorable sur le disque. Les versions alternatives sont inférieures et demeurent des versions « démo » de ces classiques que sont Tumblin’ Dice, Loving Cup et Soul Survivors.
C’est donc dire que cette version remasterisée s’adresse uniquement aux gros fans des Stones – pas au public en général. C’est un beau cadeau à offrir à un vrai fan des Stones qui veux tout connaître d'eux.

Mais ça demeure que Exile On Main Street est un des grands moments des Stones et que c’est probablement le sommet créatif de Keith Richards dont on pourrait dire que c’est l’album puisque Mick Jagger et le bassiste Bill Wyman étaient plus effacés sur ce disque (Mick a seulement contribué au disque en lui amenant son petit côté gospel et soul qu’il a concocté avec le claviériste Billy Preston).

Apparemment que Mick Jagger a réenregistré certains passages en studio de ces pièces inédites en 2009 – en tout cas ça ne paraît pas trop je trouve. Ça a été fait avec respect.

Cote: 10

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