jeudi 6 décembre 2012

Aerosmith (Music From Another Dimension) - Présenté à l'émission Rock Classique du 9 novembre 2012

Aerosmith
Music from Another Dimension 
Corporate rock
Sortie : déjà disponible

Music from Another Dimension est le premier disque studio de Aerosmith depuis Honkin’ on Bobo de 2004 et le premier de matériel original en 11 ans puisque l’album Just Push Play remonte à 2001.  On pourrait dire que ce dernier représente avec la chanson I Don’t Wanna Miss a Thing, le moment le plus bas de la carrière d’Aerosmith.  En fait Just Push Play était tellement mauvais que certains membres du groupe n’ont pas hésité à le ridiculiser au cours d’interviews subséquentes – un album à l’image de sa pochette, « rose bonbon et jaune kétaine ».  Après Just Push Play ça s’est détérioré dans le groupe puisque certains membres trouvaient honteux que Aerosmith se soient perdus après avoir été longtemps un « vrai band de rock authentique pur et dur ».  Ils étaient devenus une espèce de quintet AOR/corporate rock à la Bonjovi, ce qui est vraiment moche.  C’est fantastique pour les amateurs de pop commerciale, mais c’est mauvais pour les amateurs de vrai rock.  Il y avait des pressions semble-t-il à l’intérieur du groupe pour que Aerosmith revienne à quelque chose d'authentique.

Les derniers spectacles d’Aerosmith auxquels j’ai assisté dans les dernières années semblaient montrer un retour vers le rock ou leurs racines blues puisqu’ils interprétaient majoritairement des trucs solides et non pas des cochonneries comme I Don’t Wanna Miss a Thing (l’excellent spectacle qu’ils ont donné à Laval l’été dernier nous les avait montré en très – très – grande forme).  Et, surtout  l’annonce pour le nouveau disque du retour de Jack Douglas derrière la console augurait d’un solide retour à la forme et au rock. car ce dernier n'est nul autre que le producteur responsable des plus grands albums d’Aerosmith dans les années ’70.  Avec un titre comme Music from Another Dimension on aurait pu penser que l'affaire était dans le sac et que Aerosmith allait faire un retour dans le temps et retrouver ce qui les a rendus célèbres.

Eh bien non !  Contrairement à plusieurs groupes de vétérans qui ont sorti des albums cette année et qui ont pris conscience de ce qu’ils étaient, de ce qu’ils sont  et de ce qu’ils étaient devenus – des gens qui ont pris la peine de faire une réflexion et de tenter de retrouver ce qui en a fait des légendes vivantes comme Van Halen, Rush, Kiss et même ZZ Top, Aerosmith n'ont pas eu cette prise de conscience.  De leur côté, les quatre groupes pré-cités ont tenté et même réussi à recréer la flamme qui les a fait exploser dans les années ’70, ce qui fait qu'ils ont ont réussi à créer leurs meilleurs albums depuis des décennies, surtout dans les cas de Rush et Van Halen qui ont pondu chacun de leur côté un chef-d’œuvre cette année.  Aerosmith auraient dû eux aussi se  regarder et réécouter leurs disques des années ’70.  Au lieu de ça il ont tout simplement repris la formule de leurs albums commerciaux des années ’90 avec les résultats décevants qu’on imagine pour les amateurs de rock.  Ça donne donc un album de corporate rock pas mal bof… avec son lot de ballades insipides (il y en a 4, ce qui est tout à fait inacceptable de la part d’un des très grands groupes de l’histoire).  En outre, contrairement à Van Halen, Kiss, Rush et ZZ Top qui ont tout composé afin d’avoir le plein contrôle de leur musique, Aeromsith sont allés chercher des compositeurs extérieurs et – comple du ridicule – ils ont mêm fait appel à Diane Warren, la grande responsable de l’épouvantable navet I Don’t Wanna Miss a Thing qui est un peu le I Just Called to Say I Love You de Aerosmith.  Autre sommet – si je puis dire – du grotesque, on retrouve un duo de Steven Tyler avec la chanteuse country Carrie Underwood (ma blonde est rentré dans la maison au moment où j’étais en train d’écouter ça et elle a été surprise et m’a demandé « Mais qu’est-ce que c’est que cette merde ? » et elle avait parfaitement raison parce que c’est vraiment tout à fait de la merde que ce morceau qui est intitulé Can’t Stop Lovin’ You – tout à fait indigne d’Aerosmith).  Steven Tyler aurait dû faire ça en solo et on aurait ri de lui en l’entendant en faisant l’épicerie l'année prochaine.  Joe Perry a aussi eu la très mauvaise idée de chanter deux morceaux sur le disque – Perry qui chante de plus en plus mal et dont la voix est de moins en moins supportable (Joe Perry c’est le Keith Richards de Aerosmith, sauf que Keith a une bien plus belle voix que Perry… c’est tout dire…).

Par contre, c’est sûr qu’il n’y a pas seulement du mauvais sur ce disque, il y a aussi du bon – c’est Aerosmith après tout - et juste d’entendre le duo de guitares de Joe Perry et Brad Whitford est un plaisir.  Il y a des pièces qui sont pas mal comme Beautiful, Lover Alot, Street Jesus et Out Go the Light.

Au début j’ai pensé accorder une cote de 7 sur 10 Music From Another Dimension mais les dernières écoutes m’ont convaincu qu’avec l’inclusion des quatre ballades moches et des deux chansons chantées par l’affreuse voix de Joe Perry faisaient qu’on ne peut pas attribuer plus que 6,5.    Mince consolation, c’est un disque moins moche et bien meilleur que Get a Grip et, surtout, Just Push Play qui va rester le moment le plus bas de la carrière de ce quintet de Boston.  Mais c’est vraiment une triste fin de carrière pour eux parce qu’il ne faut pas se leurrer, je ne pense pas qu’à l’âge qu’ils ont ils vont en faire un autre.  Malheureusement je pense que Music from Another Dimension va être le dernier d’Aerosmith.
Cote: 6,5

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